Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
A la découverte de l'argot
4 janvier 2014

Comment plomber un réveillon!

Marc et Sylvie reçoivent les mamie, papi, tonton, beau-dabe, belle-doche, tatas, neveux et nièces pour fêter Noël à la maison.

Leurs chiards Charlotte 11 ans, Lucas 6 et Noé 3 complètent le tableau de famille, ça fait quand même du populmiche   dans la cambuse: autour de 20 bifteckards.

Après avoir vidangé deux ou trois kils de mousseux méthode champenoise, ils enfournent les huîtres pleine mer de Normandie dans le cornet, étalent le parfait de foie gras marque distributeur comme du pâté de campagne, nettoient la dinde 'de la fermière" en promo élevée à la farine de luzerne, jusqu'à l'os, éclusent le Muscadet Vieilles vignes de chez Lidl et le p'tit Bordeaux supérieur de la même maison.

Un genre trou normand plutôt tord-boyaux de calvados en litre étoilé (apporté par Papi Georges qui le tient de son pote de la FNACA qui le distille sous le manteau: 60 ° et des brouettes) aide à la descente de la bectance dans le siphon.

On attend le calendos au lait pasteurisé du type plâtre à prise rapide, le chèvre de même facture et la bûche spécialité de la casbah préparée par Sylvie qui a pris des cours devant la tévé grâce à mastère chef. Le pseudo Père Noel devant livrer les cadeaux en loucedé dès que les minots se seront tirés dans leur turne.

C'est le moment que choisit Charlotte pour chevroter avec larmes à l'appui:

" je ne suis plus vierge!" confie-t'elle dans un souffle mais suffisamment zesgourdable pour le parterre !

J'te dis pas le silence de la smala! (NDLR)

Les palabres s'arrêtent, les menteuses rentrent dans leur cagibi, les mirettes fixent un point situé entre le lustre du 19 ème (arrondissement) du plafond et le rideau velours beige caca d'oie pour les uns, la nappe papier et leurs pompes pour les autres, certains titillent leurs couteaux et les font sauter nerveusement...

Tout ça n'est que dalle par rapport au regard désorienté de Sylvie vers Marc et le retour furibard du même vers icelle!

"Un enterrement à Ornans" peint par Gustave Courbet en 1850 et exposé à Orsay à côté ressemble à une teuf !

Des milliers d'anges passent, on peut entendre une mouche roter!

Marc ouvre le feu en bon père de famille et tuteur légal s'adressant à sa bergère:

"- voilà c'ke c'est de montrer ton cul avec des jupes plus courtes que des ceintures, les bénards panthère, les talons éverest et les nibards en sautoir! La gosse subit tes influences de gagneuses des boulevards des Maréchaux!'

Digérant son calva, le muscadet et la sauce chasseur à la châtaigne prémonitoire, la tirade de son régulier produit sur elle une décharge de trait d'Aline imprévisible, elle lui balance sous une pluie postillonnate arrosant les proches subissant les dommages collatéraux des deux collatéraux :

"- tu peux jacter, connard, tu dragues n'importe quelle salope que tu sautes dans ta bagnole en oubliant les capotes, j'en ai retrouvé une sous le siège, tu fais honte aux enfants!"

L'assistance publique assiste muette à cette passe d'armes digne des plus hauts moments des face à face télévisés des années 70 entre Marchais et Elkabach la vulgarité en plus!

Nul ne saurait intervenir devant cet étalage digne des grognasses du Faubourg Saint-Denis conversant avec leurs julots cass'-croûte!

Marc, destabilisé mais aguerri par des années de zinc dans les troquets mités, où il a entendu toutes les saucées des alcolos six rosés pendant des berges, tente de reprendre le crachoir à sa régulière :

"-quant à Léon ton frère ci-présent, il fume de la Marie-jeanne sans se planquer, j'lai repéré devant le lycée! demande lui comment on peut se payer une Laguna coupée avec options alors qu'il pointe au RSA de Paul emploi? La pauvre môme est paumée avec ta famille de toxicos dégénérés!"

Léon, férré au vif tel un brochet dans les herbes, vire au carmin foncé, la lippe en relief, la bave aux coins des babines, les carreaux embués par la vapeur échappée de son groin pimenté de pustules rougeâtres:

"- tu peux l'ouvrir ducon, ta belle soeur July, elle l'a eu comment son poste de caissière principale à Leclerc ? Tout le monde sait qu'elle passait plus de temps sous le bureau du taulier que devant son tapis roulant, la crevure!"

Les deux aîeux veulent remettre de l'ordre dans le boxon mais avant qu'ils l'ouvrent, on leur rappelle comment ils se sont sucrés en piquant le commerce et en dénonçant des algériens en 60! Ceux-là ayant fini dans la Seine poussés par les coups de matraque des flics de Papon.

Les vieux débris s'écrasent alors, évitant l'étalage de leur talent de balance agréée par la maison poulaga et co.

On sent l'affrontement physique inéluctable entre les deux camps familiaux, chacun optant pour les gènes communs façon aux races et Coriaces!

Les voisins du dessous alertés par les hurlements et les bruits de meubles déplacés, pressentant un réglement de comptes à la manière de la tuerie d'Auriol ont déjà appelé les roussins. Mais les bleus sont débordés par les hou les gants qui enfument les caisses alentour. Depuis queque temps, on a remplacé dans les banlieues les feux de Bancale par ceux des tires, c'est plus festif...ça permet d'attendre les pompelards et de les caillasser...chacun son révéillon.

Certains quidams d'ailleurs en profitent pour faire cramer leurs traîne-con et réclamer des tunes à l'assurance, les experts fouettant du derche ne s'aventureront pas dans les cages d'escalier taguées et cernées par les guetteurs guettant la poulaille pour refourguer la daube aux sniffeurs...

La petite Charlotte éclaire à cet instant le débat sans que personne ne lui ai demandé de précisions sur la pérennité supposée de son berlingot !

"- Monsieur le Curé m'a dit que ce n'est plus moi qui serais la Vierge dans la crêche de l'Eglise mais Patricia ! " 

Voici comment plomber une soirée familiale qui s'annonçait chaleureuse et conviviale!

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
A la découverte de l'argot
  • Dans mon enfance (1950-60),à l'usine (1965-70), à la Villette, dans les Halles, puis à Rungis (1970-2005), j'ai entendu parler les différentes langues vertes et parfois j'ai essayé de comprendre et de parler argot!Il disparaît! Peut-on le faire vivre!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
A la découverte de l'argot
Visiteurs
Depuis la création 127 812
Newsletter
Derniers commentaires
Publicité