Le chat et les deux moineaux en Argot par Pierre Perret d'après Jean de La Fontaine.
Le chat et les deux moineaux en Argot par Pierre Perret
Pour son p'tit dej' matinal Eut comment dire un certain choc De voir un piaf dans son casse-dalle. Comme il avait encore trois ans A se farcir dans sa cellotte Le gros trouve plutôt marrant Que césarin devienne son pote; L'autre s'en déclare ravi Et gazouille pour lui faire plaisir. Mais le greffier tait son envie Et ses boyaux poussent des soupirs. Un jour, un deuxième moineau Entifle à son tour dans la place Et offre un super concerto. Histoire de rompre un peu la glace Les deux piafs veulent savoir alors Lequel des deux chante le plus fort. Raminagrobis énervé Fatalement sortit de ses gonds Et dans ses perchoirs acérés Croque d'un coup le p'tit second. Mais dit-il, c'est qu'c'est vachement bon C'est délicieux, même sans pain. Et avant de digérer l'second Il becquète aussi son p'tit copain.
Si t'apprivoises un crocodile File lui des choux, des haricots, Ca lui s'ra sûrement moins facile De prendre tes miches pour un gigot.
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Le chat et les deux moineaux de Jean de La Fontaine
Fut logé près de lui dès l’âge du berceau : La cage et le panier avoient mêmes pénates. Le chat étoit souvent agacé par l’oiseau : L’un s’escrimoit du bec, l’autre jouoit des pattes. Ce dernier toutefois épargnoit son ami, Ne le corrigeant qu’à demi ; Il se fût fait un grand scrupule D’armer de pointes sa férule. Le passereau, moins circonspec, Lui donnoit force coups de bec. En sage et discrète personne, Maître chat excusoit ces jeux ; Entre amis il ne faut jamais qu’on s’abandonne Aux traits d’un courroux sérieux. Comme ils se connoissaient tous deux dès leur bas âge, Une longue habitude en paix les maintenoit ; Jamais en vrai combat le jeu ne se tournoit : Quand un moineau du voisinage S’en vint les visiter, et se fit compagnon Du pétulant Pierrot et du sage Raton. Entre les deux oiseaux il arriva querelle ; Et Raton de prendre parti. Cet inconnu, dit-il, nous la vient donner belle, D’insulter ainsi notre ami ! Le moineau du voisin viendra manger le nôtre ! Non, de par tous les chats ! Entrant lors au combat, Il croque l’étranger. Vraiment, dit maître chat, Les moineaux ont un goût exquis et délicat ! Cette réflexion fit aussi croquer l’autre. Quelle morale puis-je inférer de ce fait ? Sans cela, toute fable est un oeuvre imparfait. J’en crois voir quelques traits : mais leur ombre m’abuse ; Prince, vous les aurez incontinent trouvés. Ce sont des jeux pour vous, et non point pour ma muse. Elle et ses soeurs n’ont pas l’esprit que vous avez.
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